Si la teneur de cet article paru dans Libération se confirme, ce serait un acte insensé de la Ville. Le Plateau - FRAC Ile de France est
un lieu obtenu dans la lutte des habitants contre la spéculation
immobilière dans un quartier populaire et depuis l'ouverture en 2002
avec le soutien de la Ville, de la Région et de l'Etat, il a prouvé son
apport en particulier vers les jeunes scolarisés de tout age dans la
découverte de l'art contemporain et ses artistes...
il reste une semaine avant la réunion du conseil de Paris pour revenir à la raison.
VERS UN DÉSENGAGEMENT DE PARIS DANS LE FRAC ILE-DE-FRANCE ?
Par Elisabeth Franck-Dumas
— 4 décembre 2017 à 19:13
La
mairie aurait décidé d'arrêter les subventions qu'elle verse au Fonds
régional d'art contemporain et son lieu d'exposition le Plateau, situé
dans le XIXe arrondissement.
Voilà qui a tout l’air d’une navrante
petite guéguerre politique, dont une institution culturelle s’apprête à
faire les frais. La mairie de Paris envisage de supprimer les
subventions qu’elle octroie au Frac (fonds régional d’art contemporain)
Ile-de-France et à son lieu d’exposition parisien le Plateau, dont la
présidente n’est autre que Florence Berthout, chef de l’opposition LR
au Conseil de Paris et maire LR du Ve arrondissement.
Il y a une
dizaine de jours, le cabinet de Bruno Julliard, premier adjoint d’Anne
Hidalgo en charge de la culture, a en effet informé le directeur du
Frac, Xavier Franceschi, de l’arrêt des subventions de la ville à
hauteur de 140 000 euros, sur un budget total d’environ 1,9 million
d’euros (la région apportant environ 1,5 million et l’Etat faisant le
reste). Ce désengagement, s’il était confirmé par le vote du budget
2018 de la Ville le 11 décembre, serait une première, la ville ayant,
depuis son ouverture en 2002, toujours soutenu l’institution. Les
subventions municipales avaient néanmoins déjà connu une baisse de 40
000 euros en 2016.
Médiation culturelle
Situé rue des Alouettes
dans le XIXe arrondissement parisien, le Plateau est un lieu
d’expositions à la programmation ambitieuse, qui se visite sur entrée
libre. S’y sont souvent tenues les premières expos d’artistes ayant
depuis gagné une envergure internationale (Adel Abdessemed, Ulla Von
Brandenburg…), le lieu menant également de nombreuses actions de
médiation culturelle. Il est visité par quelque 40 000 personnes par
an, dont 7 000 scolaires.
La suppression de ces subventions inquiète
ses équipes, et la présidente du Plateau, Florence Berthout, s’en est
immédiatement émue dans les colonnes du Figaro. Jointe par téléphone,
Agnès Evren, vice-présidente de la région Ile-de-France chargée de la
culture, a par ailleurs tonitrué que l’on s’attaquait là «à un symbole
de la démocratisation culturelle», rappelant que le Plateau s’était
«installé dans ce quartier populaire suite à la mobilisation de
riverains opposés à un programme immobilier résidentiel».
Du côté de
la mairie, on avance une série d’explications, dont en premier lieu le
contexte national de baisse des dotations des collectivités
territoriales, et le fait que Paris était jusqu’alors la seule ville de
France à soutenir un Frac, qui comme son nom l’indique dépend d’abord
de la région, faisant de l’arrêt des subventions «non pas une anomalie
mais plutôt une rentrée dans la norme» qui ne «mettrait pas en péril
l’existence du Frac». L’affirmation n’est pourtant pas tout à fait
exacte, la ville de Rennes participant, par exemple, au fonctionnement
du Frac Bretagne à hauteur de 150 000 euros.
Forum des images
La
ville de Paris fait aussi valoir que «la récupération politique de la
présidence [du Frac] a conduit à réorienter les missions du Frac vers
ce que la région voulait». Traduction : l’élection de Valérie Pécresse
et l’arrivée à la tête du Plateau peu après d’une élue LR ont donné
lieu à des opérations davantage tournées vers les lycées, prérogatives
régionales et non municipales. En référence sans doute au programme de
malles pédagogiques itinérantes «Flash Collection», lancé par Valérie
Pécresse, qui organise la circulation d’œuvres de la collection du Frac
parmi des lycées des départements franciliens. Au Plateau, on conteste
pourtant que les missions aient changé : la région aurait apporté 240
000 euros supplémentaires pour régler des problèmes structurels,
permettre d’embaucher des CDD pour assurer la médiation au sein des
expositions et financer «Flash Collection», les missions antérieures
étant toujours assurées.
Autre argument municipal, de type massue : la suppression de subventions régionales, à hauteur de 1,25 million d’euros, en direction d’acteurs culturels parisiens (tel le Forum des images, qui a vu disparaître sa subvention de 125 000 euros), obligeant la ville à compenser. Et de rappeler son soutien à des structures «plus locales», telle la Villa Vassilieff, dans le XIVe arrondissement de Paris, qui propose des résidences artistiques et du soutien à l’émergence de jeunes artistes, «fonctions un peu analogues à celles du Frac», à hauteur de 230 000 euros de subventions annuelles.
Du côté de la région, dont le prochain budget doit être voté le 18 décembre, il n’était pour l’heure question que de subventions consolidées en direction du Plateau. Reste donc à voir si ce manque à gagner serait compensé par ailleurs.