Un
projet mal ficelé : persévérer serait un gâchis irréversible. 15 février 2004
Début décembre, on nous annonce le projet de transfert de sections du lycée professionnel Clément Ader vers le lycée Diderot. Les conséquences de ce transfert apparaissent progressivement : fermeture du lycée professionnel Clément Ader, transfert de la filière productique de Diderot vers un autre lycée, globalement avec les arrivées et les départs,100 élèves de plus mais 280 heures d’enseignement en moins, 16 postes supprimés, pas de postes de personnels non-enseignants créés, etc.
Au moment où se déroulait le grand débat sur l’école, il est incroyable de constater la méthode utilisée pour consulter et impliquer les intéressés des communautés scolaires. Il faut se rendre compte à quel point cette façon de faire démobilise, démotive, démoralise… On prône l’individualisme et les intérêts personnels.
Aux arguments, on nous répond par la fuite en avant, la diffusion de ragots, d’attaques individuelles. Quelle pratique, quelle leçon donnée aux jeunes que nous formons !
On ne se préoccupe pas des jeunes actuellement scolarisés dans les sections qui seraient transférées : que cela se fasse en cours d’année, que les machines utilisées ne soient plus les mêmes, cela ne compte pas.
Le directeur de l’académie vient, la veille de la réunion du Comité Technique Paritaire, dans les 2 lycées expliquer qu’il a son opinion, que nous avons la nôtre, donc qu’il a raison. Le lendemain du jour de sa venue, le CTP ne s’est pas tenu puisque les syndicats n’ont pas siégé mais ce n’est pas grave les décisions sont quand même prises !
De son coté, le Proviseur du lycée Clément Ader exclut les élèves qui manifestent pour la défense de leur section. C’est sans doute ce qu’on appelle une leçon d’éducation civique et il prônera certainement, à un moment ou à un autre, l’implication citoyenne sans aucune gène.
Les communautés scolaires de Clément Ader et de Diderot posent une question au Conseil de Paris, une délégation rencontre Eric Ferrand, adjoint au Maire de Paris, chargé des affaires scolaires. Au nom de la Ville de Paris, il répond et écrit au directeur de l’Académie que la Ville n’a pas été consultée, n’a rien demandé, que les choses ne peuvent se faire dans la précipitation, que le critère d’économie comptable ne peut être le seul critère. Il conclut : le projet doit être différé. La déclaration est faite en réunion du conseil de Paris.
Nous rencontrons Madame May-Godard, représentante de la Région. Elle nous communique la lettre de Jean-Paul Huchon, président de la Région Ile de France, au Ministre de l’Education Nationale et au Recteur de l’Académie de Paris : « Le Recteur décide du transfert sans attendre le moindre avis de la Région », le Programme pédagogique de l’Académie établi en concertation avec la Région est modifié sans préavis, d’où le président de la Région demande de surseoir à tous ces projets de suppressions.
Persévérer dans ce projet serait véritablement détruire une petite structure qui fonctionne, faire perdre toute cohérence aux formations de Diderot, diminuer les capacités d’accueil des formations industrielles, casser l’enseignement technologique et professionnel sur Paris.
Lycée Diderot CA du 3 mars 2004
Les membres du CA du lycée Diderot réunis le mercredi 3 mars
protestent contre les méthodes du Rectorat. Des décisions très graves pour
l'avenir de notre établissement ont été prises sans concertation et dans la
précipitation : fermeture du LEI Clément Ader, transfert de ses sections à
Diderot, fermeture de la filière productique de Diderot, transfert en cours de
cycle des élèves de première GMP et de TS
Productique 1ère année à Dorian, transfert en cours d'année
des sections d'horlogerie de Clément Ader vers Diderot.
Ni les personnels des trois établissements, ni les parents, ni les
élèves, ni la Ville, ni la Région, personne n'a été consulté. Aucune réflexion
n'a été engagée sur les perturbations que ces transferts entraîneraient sur
les conditions de travail des élèves, aucune réflexion sur les travaux nécessaires
pour l'aménagement des locaux, aucune réflexion sur les conséquences de ces
mesures pour les personnels, aucune réflexion sur la cohérence des projets pédagogiques
des établissements, aucune réflexion sur l'avenir de l'enseignement
technologique et professionnel à Paris.
Ces mesures ont été décidées à l'occasion d'un CTP qui s'est
tenu sans discussion paritaire, puisque les représentants syndicaux ont refusé
d'y siéger.
A Diderot, ce sont 270 heures de DHG qui sont supprimées et 16
postes d'enseignants en moins dont 10 personnes mutées d'office, des tâches
supplémentaires pour les personnels ATOS sans ouverture de postes, un surcroît
de travail pour les personnels de surveillance et d'éducation avec moins de
moyens.
Le CA n'a jamais eu à se prononcer sur ces mesures, nous avons été
mis devant le fait accompli.
La seule explication d'une telle précipitation ne peut être qu'une
logique comptable, il s'agit d'économiser des moyens d'enseignement.
Intervention au Conseil d’arrondissement du 19ème
La délibération concernant le rattachement administratif du lycée Clément Ader au lycée technologique Diderot appelle quelques remarques, d'abord quelle aurait pu passer au conseil d'arrondissement du 19ème tout autant qu'à celui du 10ème avant le conseil de Paris. Comme vous le savez, je suis membre de l'équipe pédagogique de Diderot...
Le
rattachement administratif ne pose pas de problème en soit mais l’arrivée
sur 2 ans des sections de Clément Ader se fait avec des conséquences irréversibles imposées
par le Rectorat :
-
La filière productique de Diderot est transférée au
lycée Dorian et 16 postes ont été supprimés à Diderot.
-
La logique de la structure pédagogique du lycée
Diderot a été cassée et à terme l’offre de formation diminue sur Paris.
-
La fermeture d’une petite structure qui fonctionnait
bien.
On
parle de lycée des métiers avec un pôle mais le lycée professionnel
n’apporte pas de sections électriques et il ne reste plus de la filière
STI mécanique que la microtechnique. On juxtapose la filière professionnelle
et la filière technologique mais les classes passerelles qui permettaient la
poursuite des élèves titulaires d’un bac professionnel vers un BTS ont été
fermées il y a 2 ans.
Les
salles manquent à Diderot et ne sont pas équipées. Le transfert représente
une surcharge de travail pour les personnels non enseignants de Diderot et les
moyens de surveillance seront en baisse.
Bref,
c’est prévisible, la situation ne peut que se dégrader. L’ambiance ne
peut qu’être mauvaise lorsque les décisions sont prises à marche forcée,
sans concertation, sur la base de promesses qui ne peuvent être tenues.
L’année
dernière, les communautés scolaires, parents, enseignants, personnels, élèves
des 2 établissements se sont mobilisées contre ce qui était un projet y
compris par le vote à la quasi-unanimité de motions aux conseils
d’administration des 2 établissements bien qu’ils n’aient pas
formellement été consultés par les autorités académiques.
En
février dernier, Jean-Paul Huchon a écrit au Ministre de l’époque pour
condamner la vision comptable à court terme de la politique, l’absence de
concertation dans la prise de décision, l’opposition de ces décisions avec
l’esprit et la lettre du schéma régional des formations.
Eric
Ferrand et le Maire de Paris ont exprimé au Directeur de l’académie que
ces décisions n’étaient sans doute pas des plus pertinentes.
Il
est donc pour le moins étonnant que le texte de la délibération approuve
sans critique le rattachement, sans rappeler des éléments qui viennent d’être
décrits.
La carte des formations technologiques et professionnelles à Paris est sévèrement mise en cause par les décisions prises qui se confirme par le projet de budget de l’Education nationale : la fermeture de 5.000 postes aux concours en 2005 et parmi eux de nombreux concours des disciplines de ces formations.
Une élaboration de cette carte en commun par la Ville, la Région et le Rectorat serait pour le moins normale.
Conseil de Paris
18/19 octobre 2004
Délibération DASCO 108
INTERVENTION de Jean Vuillermoz
Fermeture du lycée professionnel Clément-Ader (10éme)
et intégration au lycée technique Diderot (19éme)
A l'issue du Conseil inter-académique, l'Académie de Paris a décidé le 28
juin et 2 juillet dernier de fermer progressivement le lycée professionnel
municipal Clément Ader et de le regrouper sur le lycée Diderot pour des
raisons de "rationalisation de l'offre et de sous-occupation des deux lycées.
Notons au passage que si les effectifs du lycée Diderot ont baissé, cela est
peut- être du à la suppression par l'Académie de la filière "
productique "
On nous demande aujourd'hui d'acter cette décision qui, comme je l'avais signalé
en février 2004 au Conseil de Paris, est brutale, sans concertation,
sans avoir associer la ville à ce projet, sans aucune réflexion sur la cohérence
et le devenir des filières technologiques et professionnelles .
Suite à notre intervention, la Ville avait dénoncé, à l'époque dans un
communiqué, l'absence de concertation. Elle demandait que " la cohérence
des
filières soient préservées " et insistait pour avoir des garanties quant
aux conditions de travail des élèves et personnels enseignants.
Depuis quelques années, différents rapports évoquent " les prochaines
modifications de la structure des séries STI ". Dans tous les cas, ils
s'orientent vers une diminution sévère du nombre de séries: avec par exemple
la disparition des microtechniques. Aujourd'hui nous constatons dans le
budget 2005 de l'Éducation nationale à quel point les filières
professionnelles et technologiques sont menacées. Le gouvernement ferme le
recrutement des CAPET industriels (certificat d'aptitude au professorat
d'enseignement technique) pour 2005.
Il ferme certaines séries " à faible flux ",pourtant très
attractives, il retarde les éventuels investissements en matériel, il réfléchit
à des
changements de discipline pour les enseignant. Nous assistons donc bien à
une politique de diminution de l'offre de formation dans les séries
technologiques et professionnelles industrielles, orchestrée par le ministère.
Et dans la foulée on constate que la région augmente les budgets alloués au
CFA.
Dans ce contexte, avec le cas Ader/Diderot on peut s'interroger sur l'attitude
de l'Académie de Paris : n'anticiperait-elle pas une éventuelle
réforme ?
Nous avons donc toutes les raisons de continuer à nous inquiéter sur le
devenir des filières du lycée Ader, une fois fusionnées au lycée Diderot et
la possibilité pour ce dernier de continuer à développer les siennes.
Et pourtant à la rentrée ces deux populations scolaires aux vocations différentes
ont été mélangées : l'une se prépare au CAP, BEP, Bac
professionnel, l'autre aux BAC technologiques, scientifique, et BTS. La rentrée
2004 à Diderot pour les élèves du lycée Clément Ader, aura été
plutôt chaotique. Il était question de tr en septembre 2 sections,
elles ne l'ont été que partiellement, certains cours ont lieu encore dans le
10éme, il n'y a eu q'une salle et demi équipée correctement. Or par
exemple, il y avait à Ader, 5 salles d'horlogerie très spécifiques. Que
vont-elles devenir ? Seul un CPE, surveillant général, celui d'Ader a été
mis à disposition du lycée Diderot, or il s'agit de populations scolaires
aux habitudes et aux modes de fonctionnement différent. Aussi réussir cette
intégration, nécessite de donner les moyens en personnel non enseignant pour
accompagner ces nouveaux élèves qui doivent être à juste titre inquiet de
leur avenir ?
En conséquence, nous ne pouvons accepter cette rationalisation qui au lieu de
travailler les ajustements pour répondre et anticiper les besoins en
formations des acteurs économiques, méprisent les enseignants et leur travail,
les élèves et les parents dans une comptabilité froide, voir
bêtement aveugle. Aujourd'hui comment la Ville compte-t-elle suivre ces deux
lycées pour veiller aux bonnes conditions de travail de tous et à la préservation
de
toutes les filières ?
Compte tenu de tout ce que je viens de dire, nous ne participerons pas au vote sur cette délibération.