Pôle culture 19ème n° 1 – lundi 29 novembre 04

Merci d'être présents ce soir. Beaucoup d'entre vous sont ces les acteurs culturels qui font cette richesse, cette diversité de la création et de la diffusion dans le 19ème, ce foisonnement dans tous les domaines : musique, théâtre, musiques actuelles, art plastique, peinture, photographie, art de la rue et du cirque, responsables de lieux et animateurs de salles... Nous avons besoin de faire régulièrement le point sur nos préoccupations. Cet échange nous permettra d'avancer, de réaliser mieux et de travailler ensemble.

La majorité municipale parisienne mène son action culturelle suivant 5 axes :

-                     un effort budgétaire

-                     favoriser l'accès de tous à la culture

-                     soutenir la création

-                     le patrimoine en mouvement

-                     des initiatives dans les arrondissements

Je pense que le 19ème s'inscrit pleinement dans cette démarche.

Les acteurs culturels sont nombreux dans un arrondissement de 175000 habitants, c'est normal. Il s'agit d'abord de mieux les connaître, de les écouter, d'essayer de répondre à leurs demandes. Etre élu, cela signifie pour chacun beaucoup de temps !

Pour ce qui me concerne, excusez-moi de vous détailler pour illustrer : 12 rendez-vous la semaine dernière, des réunions de travail, des sorties culturelles, des coups de téléphone… la manif contre les violences faites aux femmes, le salon du livre de jeunesse de Montreuil, à cela se rajoute la permanence sociale du vendredi matin, une rencontre avec les habitants pour le Non à la constitution européenne ( il y a trop de souffrances en perspective pour la démocratie, le social, les services publics, la culture, c'est un Non d'espoir) , la réunion publique du conseil de quartier place des fêtes que j'anime… et mon métier d'enseignant à temps plein, pour ceux qui me connaissent ils savent que mes élèves me tiennent à cœur et que je suis actif sur la vie et les évolutions du lycée !  Vous comprendrez l'heure à laquelle j'envoie mes mels !

Financièrement, les mairies d'arrondissement, n'étant pas des mairies de plein exercice, ne peuvent que soutenir des projets ponctuels par le paiement de factures, la subvention n'est pas possible, elle n'est que de la compétence de la Ville de Paris et nécessite un vote du conseil de Paris, ce qui prend un temps certain.

Dans le 19ème, une commission financière a été mise en place. Elle réunit les élus et les collaborateurs qui le souhaitent : culture, associations, affaires scolaires, quartiers, jeunesse… d'autres plus ponctuellement. Elle instruit les dossiers et formule des propositions au Maire pour validation, ce qui est en général le cas. L'aide vise à faciliter la réalisation des projets, à les faire partager aux habitants du 19ème, à assurer une forme de partenariat d'objectifs avec la mairie d'arrondissement. Afin que les financements s'effectuent dans la transparence son rôle s'amplifiera et une forme de bilan sera effectué ! Elle se réunit en moyenne une  fois par mois. L'essentiel des dépenses du budget annuel animation et culture est amené à passer par cette commission, soit 170.000 euros.

Un grand effort de communication est effectué. Le journal du 19ème, la gazette, le site  Internet de la Mairie et celui de l'élu, sa lettre mensuelle, le bureau d'accueil, le journal de la nouvelle maison des associations y contribuent chacun à leur façon. Un effort est fait pour respecter les délais dans la diffusion des informations ce qui n'est pas simple. J'en profite pour insister sur le fait qu'il n'y a pas de service culture auquel l'élu, le collaborateur, la-le stagiaire pourraient faire appel. Les seules ressources humaines sont eux et personne d'autre ! Et depuis quelques semaines, le collaborateur fait défaut. Un nouveau ou une nouvelle devrait être recruté-e pour la nouvelle année et développer un travail beaucoup plus cohérent.

De leur côté, les services de la Direction des affaires culturelles de la Ville ne sont pas décentralisés. L'un de mes soucis est de développer suffisamment les rapports avec eux afin d'obtenir des informations utiles, pour donner des avis et pour orienter les initiatives parisiennes vers les quartiers les plus populaires de l'arrondissement. C'est ainsi que "Paris Quartiers d'été" a investi le parc de la Butte du chapeau rouge pour les concerts de musiques du monde, et qu' "Itinérance rue" avec Karim K a occupé l'avenue de Flandre. Des dialogues constructifs s'instaurent avec les programmateurs de "Nuit blanche".

Pour rendre les aides plus efficaces, il serait bien que devienne bien plus courant de prendre l'avis de la mairie du 19ème, voire de l'adjoint à la culture, de les considérer plus comme de véritables partenaires ! Je souhaiterais que, plutôt que du coup par coup, s'établisse une méthodologie de travail entre les mairies d'arrondissement, notamment celle du 19ème naturellement et la Ville de Paris sur toutes les questions artistiques et culturelles.

Mais, il reste des sujets municipaux sur lesquels j'influe peu car la décentralisation n'est pas  encore réellement effectuée. C'est le cas pour le conservatoire municipal de musique, participer à son conseil d'administration n'a que peu de rapport avec la réforme nécessaire des conservatoires afin de favoriser l'accès à la musique à plus d'enfants et de leur donner envie d'en faire dans la durée, avec la diffusion de la musique vers les publics tout en notant de réelles initiatives telles "les concerts de l'apéro" et "une heure, une œuvre".  C'est le cas aussi pour le fonctionnement des bibliothèques, l'élargissement de leurs horaires d'ouverture, le recrutement et le statut des personnels… Les habitants attendent dans ce domaine aussi des résultats visibles.

Les ateliers pour les artistes professionnels, en nombre très réduit, sont attribués d'une part par une commission parisienne et d'autre part par la commission d'arrondissement. Les attentes ne pourront être vraiment satisfaites que par la réalisation et l'ouverture de nouveaux ateliers. La Ville a mis des chantiers en cours, par exemple il y aura les 40 ateliers dans le bâtiment qui sera rénové sur le quai de Loire au pont de Crimée.

Les demandes de locaux pour travailler, répéter, présenter sont énormes. Elles proviennent de quasiment toutes les personnes que je rencontre. Un travail est à amplifier pour que les bailleurs sociaux louent aux structures artistiques à des loyers associatifs et non commerciaux. Je souhaite aussi vraiment que des établissements scolaires ouvrent résolument leurs portes naturellement pendant le temps scolaire mais aussi hors du temps scolaire. Dans le 19ème, les centres d'animation vont se développer : construction de celui de la place des fêtes avec une salle de spectacle de 150 places, construction de celui de Danube boulevard Sérurier, prioritairement destiné aux musiciens. Nous développons un travail important en partenariat avec les centres d'animation afin qu'ils répondent mieux aux besoins artistiques et culturels vers les habitants.

Je souhaite ardemment qu'un nouveau lieu d'exposition soit recréer à l'entrée arrière de la Mairie à nouveau ouverte pour l'état civil et la caisse des écoles. Je souhaite aussi l'implantation pérenne d'un espace photo place de Stalingrad.

Naturellement, le 104 va contribuer largement à répondre à ces besoins d'espace de travail et de diffusion. Vous connaissez mon souci permanent de vous tenir au courant des évolutions. Roger Madec m'a à nouveau affirmé que vous pourriez visiter prochainement le 104. La période actuelle est celle de l'avant projet sommaire avant le définitif et le passage au dépôt du permis de construire. Les travaux doivent aboutir à une ouverture partielle du lieu fin 2006 et pour la totalité en 2008. Au fur et à mesure, les choses se précisent, en particulier sur la définition des espaces, la circulation dans le lieu. Mais beaucoup des questions ayant trait au fonctionnement sont encore à définir. Espace commercial, espace de salon, salle de diffusion de 400 places et de 200 places, centre de ressources… Mais il reste encore à acter la place indispensable du court métrage, du livre, la définition du lieu de proximité de 400 m2, la présence importante d'une régie culturelle permettant d'être le pôle diffusant les ressources du 104, réalisant les fêtes et les initiatives dans la ville. Il faut aussi définir la forme d'expression de la mémoire, de l'histoire de ce lieu qui pendant un siècle eu comme activité les pompes funèbres de Paris, bien affirmer le caractère pédagogique des projets réalisés dans le 104, les liens avec les scolaires. Il reste aussi à choisir la structure juridique et la forme qui permettra la constitution, à mon avis indispensable, d'un comité de suivi du 104 par les habitants, les élus, les gens de culture… Sur chaque sujet, il y a à mon sens un défi démocratique de construction et de vie.

Des appels d'offre ou à projets ont été lancés sur la Rotonde, les locaux de la place de Stalingrad, le chalet du lac dans la parc des Buttes Chaumont.

Des salles de cinéma sont prévues porte des Lilas, d'autres sont envisagées porte de la Villette, dans la zone Paris Nord Est. Et la nomination de la promenade en prolongement du cinéma MK2 quai de Loire est en bonne voie pour s'appeler promenade Jean Vigo.

Alors que le livre est en difficulté, qu'en particulier des librairies ferment, un beau projet pourrait se réaliser à la maison des canaux, quai de Seine, juste entre le cinéma MK2 et la place de Stalingrad, celui d'un espace du livre où les petits éditeurs auraient à la fois un lieu d'exposition, de vente, de rencontre et de travail. J'aimerais réunir ceux qui pourraient contribuer à réaliser ce projet.

Il y a des terrains plus éphémères utilisés pour des activités artistiques. Les chapiteaux de cirque se sont installés successivement quai de Seine, place de Stalingrad, cour du Maroc, à la porte d'Aubervilliers, à la porte des Lilas. Au delà de la situation de tel ou tel cirque, la pérennisation d'un espace chapiteau pour les nouvelles formes d'art du cirque semblerait possible dans le 19ème, pourquoi pas quelque part dans la zone Paris Nord Est.

Les intermittents du spectacle avec leur coordination d'Ile de France sont installés pour quelques temps encore quai de la Charente. Ils ont reçu parallèlement à ce soutien conséquent de la Ville, l'aide de la Région afin d'établir un audit sur la nécessaire solution au problème de leur situation. Il faut contrecarrer cette volonté qu'a le MEDEF de tout régenter et précariser.

L'activité de l'élu consiste aussi à soutenir, à coopérer, à réaliser des événements.

Il y a des fêtes de quartier qui ont des demandes plus ou moins fortes selon l'implication du réseau associatif, des structures sociales et d'habitants. De belles fêtes sont ainsi réalisées dans les quartiers à Belleville, Butte Chaumont, cette année à Danube et à Manin Jaurès. Nous pouvons sans doute arriver à faire aussi des fêtes chaleureuses et solidaires, qui rassemblent à Curial Cambrai et Riquet.

La Mairie pilote les fêtes du bassin de la Villette, grand évènement avec un feu d'artifice et des interventions diverses pour tous les âges et les publics en particulier des arts de la rue. L'eau pourrait être un thème central cette année. Nous commençons à travailler en ce sens.

"Attention, jeunes talents, Iné dix neuf", pourrait redevenir un élément fédérateur des artistes en devenir formés dans le 19ème. Le conservatoire national de musique et de danse, les cours Florent, les cours du Cinéma sont au centre de cette initiative et ce qui n'exclue pas aussi d'associer d'autres centres de formation de futurs artistes professionnels.

Le lieu Mairie et sa salle des fêtes, mais tant qu'elle ne sera pas insonorisée, elle pose un problème majeur, ne sont pas à délaisser. Elle est utilisée par exemple pour des concerts classiques, je pense qu'il faut au maximum faire connaître et utiliser les divers lieux équipés du 19ème. Donner l'envie d'y aller, d'y retourner régulièrement, est une tâche importante à mon sens qui est une aide efficace.

Ainsi "Lire en fête", permet de cette façon de faire des activités dans une vingtaine de lieux. La semaine de la chorale utilise les lieux de culte.

Ainsi, la semaine prochaine vous $êtes invité à la seconde édition de "Pas de quartiers pour le rêve ?" 3 jours d'expression artistiques avec des valides et des non valides autour de Souffle d'art et l'IM Pro faites des couleurs.

Ne faudrait-il pas autour de l'élu et des collaborateurs, former un collectif sur chacun des sujets abordés ?

Avec les responsables de la politique de la Ville, les centres d'animation, la cité des sciences, le bar des sciences, l'association science technique société nous initions un travail régulier dans le quartier Curial Cambrai centré sur le centre d'animation.

L'APSV, "le centre d'art du Plateau", "l'atelier du Plateau", chacun avec leur personnalité, permettent la présence d'artistes dans la Ville, dans l'espace public.

Je suis particulièrement content qu'un travail se développe dans quelques écoles, collège et lycée. Il permet aussi de faire connaître le travail réalisé dans l'établissement scolaire, de valoriser les enfants, de multiplier les exemples que l'école qui transmet les savoirs doit donc être ouverte en permanence sur la vie. Il permet d'associer des partenaires remarquables de l'arrondissement, en particulier la cité de la musique, le théâtre Paris Villette, des artistes… comme par exemple au collège Georges Rouault.

Les lieux de spectacle, de musique, les plus petits et les plus grands ont du mal à vivre. Je pense naturellement à des bars, des salles, des péniches… Premier responsable, le désengagement de l'Etat qui touche de plein fouet les financements et l'emploi à travers la destruction du système des emplois jeunes. La Ville ne peut se substituer en compensant ce que ne fait pas ou plus l'Etat, cela signifierait une augmentation importante des impôts ce qui est contraire à notre engagement devant les habitants. D'autant que les subventions de la Ville sont souvent importantes et qu'il faut trouver les moyens pour aider plus de lieux. Il faut poser les problèmes, montrer les conséquences des décisions politiques prises. L'expression du collectif des associations en danger, animé par Belleville Insolite, particulièrement dans les quartiers politique de la Ville, va en ce sens. Les discours de Borloo, ministre de la Ville, ne peuvent faire longtemps illusion : il n'est porteur que de réductions de moyens.

Naturellement, en disant cela, je pense aussi à Glaz'art qui au-delà de la forme pour le moins  brusque de son expression pose de réelles questions sur la place et la vie stable des salles intermédiaires à Paris.

Dans ce sens, je suis doublement préoccupé : tous les habitants du 19ème ont un droit à la culture, à l'art, aux expressions de qualité. C'est ce à quoi j'essaye avec vous de largement contribuer, cela veut dire aussi des choix dans les aides et la tenue des événements. Mais parallèlement, il faut agir aussi ensemble pour que Paris reste une capitale diverse où vivre, habiter, travailler soit possible pour ses habitants. Il faut stopper le départ des populations populaires, jeunes, aux revenus faibles et moyens de Paris. C'est un véritable enjeu, en particulier pour notre arrondissement.

Voila plein d'invitations au débat à la fois pour ce soir et à prolonger sous les formes diverses. J'ai évoqué particulièrement le livre, jeunes talents, les rapports entre l'école et les acteurs culturels, la culture dans les quartiers les plus populaires.