Bonsoir à tous,

C'est avec une certaine obstination que chaque année, la Mairie du 19^ème  organise Lire et science en fête au cœur du quartier politique de la ville de notre arrondissement dans ce centre d'animation Curial de la cité Michelet.

Il est nécessaire d'aller à la rencontre de tous les publics, les artistes comme les politiques doivent savoir se déplacer... Aller à la rencontre des habitants est l'un des moyens de leur faire découvrir, respecter, apprécier et donner envie.

Chacun des invités de ce soir, à sa façon, est dans cette démarche.

Fabienne Martet qui travaille dans le musée le plus prestigieux de France, au musée du Louvre forme des médiateurs qui viennent avec les habitants des quartiers qu'ils rencontrent tous les jours.

Elisabeth Caillet établit au Musée de l'Homme des ponts entre les individus, leurs différentes cultures et origines.

Christian Brulé, au delà de la prévention qu'il met en place au parc de la Villette, conduit les jeunes à respecter et à découvrir la valeur des institutions du parc de la Villette.

Jean-Christophe Aguas invente des dispositifs avec les artistes et les structures culturelles des quartiers les plus populaires qui occupent l'espace public, qui améliorent le cadre de vie.

Jean-Marie Touratier a pour mission de favoriser le développement des projets culturels à l'école.

Que cela soit pendant ou hors du temps scolaire, l'éducation des enfants et des jeunes est un investissement pour l'avenir. Investissement à la fois individuel pour chacun d'entre eux et collectif pour la société. Le rôle des enseignants est de ce point de vue fondamental…

Naturellement, chacun est confronté à la question des moyens, je dirai plutôt au manque de moyens financiers, humains, matériels, en locaux…

A quelques mois d'échéances nationales importantes, il est notable que la culture n'est guère évoquée. L'ambition des objectifs est pour le moins limitée par la faiblesse des investissements qui n'atteignent toujours pas pour le budget de l'Etat les 1 %. La rencontre de ce soir contribuera peut être à changer les choses.

Et malgré tout, plein de choses se réalisent et deviennent des événements inoubliables pour ceux qui y participent. Je pense évidemment à des rencontres qui se font dans le 19^ème. Nicolas Frize dans le parc des Buttes Chaumont lors de Nuit blanche 2004, les concerts dans le parc de la Butte du Chapeau rouge avec Paris Quartiers d'été… Je pourrais citer de nombreuses initiatives de structures du 19^ème et de ce qui se prépare en particulier avec le 104.

Je n'en évoquerai qu'une dans cette introduction : celle initiée avec le Théâtre Paris Villette et la Maison du Geste et de l'Image, qui vise à établir des ponts entre structures culturelles, une dizaine, et établissements scolaires, y compris aussi au-delà du périphérique avec les communes limitrophes du 19^ème. Comment démultiplier ces initiatives, les faciliter ?

Pour des jeunes ou des adultes, à travers elles, des vocations se dessinent, des envies de faire dans la pratique d'abord amateur et éventuellement professionnelle au-delà.

C'est de cela dont je voudrais que nous parlions ensemble ce soir. Comment développer les projets, lever les obstacles, faciliter les liens, rendre l'art et la culture naturels dans la vie à tous les niveaux, comment avoir une forme de pérennisation de ces démarches ? De ce point de vue, il me semble aussi important de montrer le travail qui a été effectué, de faire un bilan public. C'est valorisant pour tous ceux qui ont participé à l'action et exemplaire pour réaliser de nouveaux projets.

Je pense qu'il n'y a pas une réponse mais une diversité de réponses. Il est nécessaire que les artistes viennent sur le terrain, dans les quartiers, dans les écoles et en même temps, il faut emmener les jeunes, les habitants dans des lieux qu'ils ne fréquentent pas, qui éventuellement les effrayent a priori. Et avant de franchir des portes, j'ajouterai même à faire des trajets, à pieds, en transports en commun, qu'ils ne pratiquent pas.

A l'opposé de la fragilité de beaucoup de choses et de l'incertitude de demain, donner confiance est un objectif politique et culturel fondamental. Pour par exemple les artistes : la situation faite aux intermittents par le gouvernement depuis 3 ans et les députés UMP aujourd'hui est inacceptable. Pour naturellement chaque individu, donner la possibilité de mettre en œuvre des pratiques artistiques et d'éducation populaire.

La culture et l'art, c'est autre chose que l'audimat, la consommation que diffusent les médias, la télévision… Certes aujourd'hui la démagogie et le populisme nous entourent. Ce n'est pas fatal que cela continue. Nous pouvons y arriver en conjuguant nos forces !