Pole culturel lundi 15 octobre 2007

Proximité de la culture, culture de la proximité

Bonsoir à tous et bienvenue dans ce nouveau centre d'animation place des Fêtes. Merci à Audrey Baudeau, directrice du centre et aux responsables de la Ligue de l'enseignement de nous accueillir. Je pense qu'il est significatif que les premiers utilisateurs de cette salle soient successivement, jeudi dernier, les habitants avec le conseil de quartier, aujourd'hui ce pole culturel et les prochains jours les diverses initiatives autour de Lire en Fête organisées par la Mairie du 19ème. Dans ce sens, je voudrais aussi remercier Mireille Laroche de la Péniche opéra et Damien Schovaert de nous avoir offert la semaine dernière dans le cadre de la semaine de la science, 3 soirées magiques alliant sciences et art, poésie et musique. 

A quelques mois des élections municipales, de la fin de mon mandat comme adjoint de Roger Madec, j'ai forcément envie de donner quelques éléments de bilan et quelques propositions.

La proximité a été mon axe dominant. Ma première initiative dans le cadre de l'équipe municipale a été d'organiser la Fête de la musique en 2001 dans la Butte du chapeau rouge. Paris Quartiers d'été a pris le relais avec les concerts de musique du monde. Un souvenir particulièrement fort… Celui de ces femmes nord africaines écoutant le virtuose Mickael Rudy sur son piano royal. La projection de cinéma en plein air sur la place des Fêtes est aussi une démarche importante parce qu'elle a reposé sur une démarche : un film choisi par les jeunes du club de prévention Feu vert.

La construction du 104, ce grand projet culturel de la mandature, se fait dans la constante préoccupation de son intégration dans le quartier Riquet et Curial. Depuis le début de cette année, l'installation provisoire au 11 bis rue Curial est devenu un lieu de rendez-vous permettant de répondre à la diversité des demandes, les jeunes, les moins jeunes, les anciens salariés des Pompes funèbres, les populations et leurs différentes origines et expériences. Le 104 ne peut se développer qu'en étant en permanence soucieux des artistes et de leurs projets en lien avec les populations, structures et associations, particulièrement celles du voisinage. La spécificité du 104 est sans doute aussi renforcée car elle intègre une démarche pédagogique régulière dans la construction des projets artistiques.

Dans ce sens naturellement, il ne peut y avoir de diffusion de la culture sans un travail déterminé vers les jeunes et donc les scolaires. Tous jeune doit avoir été incité à découvrir des pratiques artistiques diverses. Pour cela, l'école est un lieu essentiel puisque particulièrement à Paris la très grande majorité des jeunes sont scolarisés jusqu'à 18 ans et plus. De la maternelle au lycée, le Rectorat doit prendre des initiatives, encourager les projets ces équipes pédagogiques, les soutenir et les prendre en charge. La démarche artistique et culturelle comme la démarche sportive ne sont pas des plus, elles ne peuvent se cantonner à l'après cours et justifier une diminution du temps scolaire et des postes. 

Projet exemplaire, celui de La Maison du Geste et de l'Image avec le Théâtre Paris-Villette, le Plateau et l'Atelier du Plateau, avec le Laboratoire d'Aubervilliers, le Ciné 104 et Lilas en scène, d'autres probablement demain. Ils proposent des lieux à découvrir et des pratiques artistiques à mettre en œuvre. Des établissements du 2nd degré et des structures artistiques de part et d'autre du périphérique sont impliquées dans le projet, d'autre part le travail réalisé est présenté à tous communauté scolaire et habitants… et des documents DVD, blog internet et papiers permettre de garder trace du travail réalisé.

Le 19ème, c'est aussi un arrondissement riche de ses grands équipements, je pense au Parc de la Villette qui est certes une sorte d'enclave nationale avec ses relations privilégiées avec l'Etat.  La Cité des sciences et de l'Industrie et la Cité de la Musique sont encore bien éloignées de cette démarche de proximité. C'est dommage. La politique tarifaire est-elle bien justifiée ? Le Science muséum de Londres est gratuit… comme bien d'autres. Ne doit-on pas aller dans ce sens, résolument ? Je suis sûr que pour renforcer cette entrée diversifiée des publics la présence de Jacques Martial, le président du parc, est significative.

La proximité, c'est naturellement d'abord, les équipements de la Ville, les bibliothèques et le Conservatoire. Leur nombre n'est sans doute pas encore suffisant. La bibliothèque Porte des Lilas et l'agrandissement de la bibliothèque Flandre vont améliorer la situation mais il faut aller plus loin.

1000 enfants, un taux de pénétration du conservatoire de 3,6 %, qui est le plus petit de Paris : un second conservatoire pour notre arrondissement ne serait pas absurde et superflu, loin de là. Avec Hacène Larbi, le nouveau directeur du conservatoire et Sylviane Forestier, l'adjointe aux affaires scolaires, nous voulons développer ces initiatives de découvertes musicales, donnant envie d'écouter et d'avoir des pratiques instrumentales… Découvrir des talents est un des objectifs mais l'essentiel est celui de former des amateurs… D'être content de pratiquer et d'entendre la musique... dans la durée de sa vie.

Des salles pour répéter, pour travailler sont nécessaires.  Même si le 19ème, comme dans d'autres domaines a été bien doté durant cette mandature,  les ateliers de la Ville sont en nombre trop faibles et ne favorisent pas l'installation d'artistes en devenir. Les listes d'attentes sont trop longues, les conditions d'accès à un niveau trop élevées pour les jeunes artistes.

Et il faut s'intéresser plus aux pratiques amateurs et les aider. Pratiques chorales, musicales, théâtrales… où répéter, où jouer ? Des avancées importantes se sont faites durant cette mandature. Il faut les poursuivre de façon résolue.

Dans sa lettre à la Ministre de la Culture, Christine Albanel, le Président de la République insiste sur les financements. Il est révélateur de noter qu'il souligne que "la culture ne saurait être soumise aux seules lois de l'argent et du profit…" pour ajouter juste après qu'il faut "encourager le financement privé de la culture". Son modèle est l'entreprise en tout domaine. En ce qui concerne la culture, l'éducation, cette conception ne peut être que catastrophique.  

La progression des crédits est nécessaire pour le budget national mais aussi le budget parisien.

Des moyens permettant de développer ce travail de proximité semble nécessaire. Comment mettre en œuvre ces orientations avec plus de méthode et moins d'improvisation ? De façon souple, pas trop formalisée, un minimum de moyens humains, matériels et financiers est nécessaire pour répondre à la diversité de ce qui peut se faire et devrait se faire dans les arrondissements, qui ne sont pas des mairies de plein exercice, et donc dans notre 19ème.

Mais il n'y a évidemment pas que du matériel… il y a aussi la méthode : la culture a aussi besoin de démocratie, de concertation, de dialogues… Au-delà, des initiatives "individuelles" que j'ai par exemple pu prendre, circulation des informations, débat réguliers, des actions sont sans doute à pérenniser. 

Ce n'est pas un hasard, me semble t-il, que le Maire de Paris choisisse le 19ème pour parler de Culture, ce sera le 11 décembre prochain. Le thème en sera : "Populaire, diverse et créatrice de valeurs, la culture à Paris". Bertrand Delanoë qui élabore actuellement des propositions pour la prochaine mandature veut mettre un coup d'accélérateur. Sans détailler, il cite la nécessité d'un plan d'aménagement culturel du quartier Danube Solidarité.

J'ai naturellement insisté sur des aspects qui marquent l'utilité de la diversité politique de la majorité municipale et avec chacun d'entre vous probablement, je souhaite qu'en mars prochain cette diversité soit reconduite et renforcée… à gauche !

Je propose maintenant de vous laisser la parole ainsi qu'aux invités. 


Rencontre du lundi 15 octobre 07 sur le thème : Culture de proximité, proximité de la culture

 

130 participants

 

Introduction par Joel Houzet, adjoint au Maire du 19ème, chargé de la Culture

Elle se trouve sur le site http://perso.wanadoo.fr/joel.houzet ainsi que le reportage photos.

 

Jean-Marie Touratier, monsieur Culture au Rectorat de Paris

Il n'est pas facile de gérer la richesse. Il faut amener les élèves à sortir de la proximité. Un travail peut se faire avec les associations afin d'établir des systèmes de proximité. Il faut être malin et particulièrement dans ce cadre scolaire du 16 – 18 h où chaque élève peut pratiquer une activité artistique ou sportive…

 

Evelyne Panato, directrice de la Maison du Geste et de l'Image

On peut être en même temps proche et éloigné du Territoire culturel. Le groupe classe est une notion essentielle sinon on s'adresse d'un point de vue sociologique toujours aux mêmes. La démarche de Territoire en direct vise à créer des ponts entre établissements scolaires du 2nd degré, établissements artistiques et culturels de part et d'autre du périphérique. Ces ponts se forment par des activités artistiques autour de l'image vidéo, graphique et photographique, par le théâtre et la danse.

 

Francis Pilon, directeur de bibliothèques et du multimédia de la Ville de Paris

A Paris, il y a 55 bibliothèques de proximité avec 11 millions de prêts. Les demandes se diversifient, il y en a plusieurs, qui finalement nécessitent des organisations différentes et éventuellement contradictoires.

L'évolution nous éloigne des lecteurs traditionnels : la bibliothèque devient un lieu de travail, d'activités  multimédia, d'Internet…  

Au delà d'un maillage plus dense, il y a aussi besoin de plus grandes bibliothèques.

 

Jean-Marie Touratier

La réalité ne fait qu'aggraver la situation. Les publics sont les mêmes depuis 10 ans. Il faut faire des efforts pour élargir l'origine de ces publics.

 

Frédéric Fisbach, co-directeur du 104

Le 104 est un lieu d'art contemporain qui ouvrira dans un an. Grâce au politique qui a su préserver le lieu de la spéculation immobilière, c'est de l'espace qui se libère et qui va devenir avec sa rue piétonne un nouveau lieu de passage "agréable". Le 11 bis est aujourd'hui le lieu du 104 avec une présence visible, l'organisation de visites de chantier et d'autres initiatives. Répondant à un cahier des charges élaboré par la Ville, la démarche du 104 vise à montrer l'état du processus de création. Pour cela, l'artiste est le meilleur médiateur, c'est lui qui parle le mieux de son travail.

Les activités de l'équipement de proximité seront le résultat d'une consultation et du travail sur les besoins exprimés par les habitants, parallèlement à la cohérence d'ensemble du 104 d'un bout à l'autre de la rue piétonne.

L'espace privé et les financements qui lui sont liés sont importants. On trouvera au 104 un café Presse, en particulier presse internationale lue par les riverains, un restaurant… des salons… une maison des petits, une librairie multimédia liée aux activités du 104…

 

Pascale Henrot, directrice de Paris Quartiers d'été

Depuis 1990, durant l'été, lorsque les salles sont fermées, Paris Quartiers d'été a pour mission de développer des propositions artistiques, des spectacles dans des lieux atypiques. Il s'agit donc d'aller partout où c'est possible en fonction de la proposition artistique, aller vers le public. 10 villes sont associées à la démarche. Par contre force est de constater que les allers et retours sont rares pour les publics les plus en difficulté. C'est un vrai défi de ne pas démissionner.

 

Questions du public

Quelles aides à la création sont possibles ? Que font dans ce sens le 104, les centres d'animation ? La gratuité est une démarche trop peu mise en œuvre ? Se préoccupe-t-on assez des jeunes, particulièrement de ceux qui sont dans la rue ?

 

Jacques Martial, président du Parc de la Villette

Le parc de la Villette est dans une nouvelle dynamique. C'est un lieu culturel à investir, il a été conçu comme tel. Aujourd'hui, se développent particulièrement les cultures périphériques. Il faut développer la diversité des possibles.

Concernant la gratuité, il faut faire un constat. Elle ne modifie pas la qualité des publics.

 

Frédéric Fisbach

La priorité est de développer l'envie de voir des spectacles. Concernant le cout, il n'y a pas de règle absolue, une chose est sans doute choquante : pourquoi payer pour voir le patrimoine ?

 

Joel Houzet

On manque de salles à Paris en particulier pour répéter et pour rencontrer le public. Comme cela vient d'être le cas pour le projet Soukhmachines place des Fêtes, les initiatives des jeunes sont souvent retoquées avec les conséquences envers les jeunes que cela peut entrainer à long terme.

 

Il est environ 22 h 30, il est temps d'aller partager ensemble le buffet.